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0 | Une région en or L’orpaillage dans la région du Napf Alors que les aventuriers rêvent de richesses légendaires en Amérique du Nord et en Australie, on oublie progressivement que dans la région du Napf aussi on cherche de l’or. Néanmoins, l’intérêt pour l’or renaît régulièrement. Pendant la crise économique, on espère pouvoir chercher ce métal précieux avec l’aide des chômeurs. Dans années 1970, une géologue étudie la teneur en or des rivières de la région et contribue à ressusciter la pratique de l’orpaillage. Aujourd’hui, la recherche d’or dans la région du Napf est un loisir répandu et même une discipline de compétition ! Les objets montrés ici font partie de la collection « Goldkammer ». |
1 | Concours d’or L’orpaillage comme discipline de compétition En 1974, des orpailleurs finnois ont l’idée de s’affronter dans le cadre d’une compétition sportive. Ils organisent le premier concours d’orpaillage à Tankavaara en Laponie. Trois ans plus tard, les Finnois transforment leur compétition en championnat du monde et l’organisent une fois par an. Le premier championnat du monde organisé en dehors de la Finlande a lieu en 1982 en Autriche à Heiligenblut. Depuis 1984, il existe également un championnat européen. A l’occasion du premier championnat suisse, les orpailleurs locaux fondent l’Association suisse des chercheurs d’or. En 1989, le premier championnat national a lieu à Hergiswil dans la région du Napf. En 1993, Willisau héberge le championnat du monde et, en 2016, Berthoud accueille le championnat d’Europe. |
2 | Le maître de la Batée d’orpaillage Ruedi Steiner apprend le métier d’outilleur, étudie la psychologie et travaille en tant que conseiller d’orientation professionnelle. De plus, ce Lucernois est expert en orpaillage. En 1977, Steiner part à Tankavaara avec son père pour le premier championnat du monde d’orpaillage. Ruedi Steiner est tellement rapide qu’il remporte l’or : il devient le premier champion du monde de la catégorie « amateurs ». Par la suite, il devient professionnel et est sacré deux fois champion du monde : en 1982 à Heiligenblut et en 1984 à Dawson City au Canada. Mais le conseiller d’orientation ne pourrait pas recommander le métier d’orpailleur à ses clients : ceux qui participent deux fois à une compétition sont déjà qualifiés de professionnels. Steiner reste fidèle à son premier métier et développe son propre outil : la « Batée d’orpaillage Steiner » est considéré pendant un temps comme la batée la plus rapide du monde ! |
3 | Trophée de Ruedi Steiner pour son titre dans la catégorie « experts » à Heiligenblut en 1982. |
5 | Article sur le championnat du monde d’orpaillage à Heiligenblut, 1982. Issu de la collection de Steiner. Il n’est plus possible de savoir dans quel journal l’article a été publié. |
6 | Batée d’orpaillage développé par Ruedi Steiner. La batée d’orpaillage a des bords plus plats que les batées américaines traditionnelles en métal. Steiner ajoute également un espace entre le fond et les bords. |
8 | Un règlement strict L’orpaillage a beaucoup à voir avec la chance alors comment faire pour que le meilleur ou la meilleure gagne la compétition ? Un règlement très strict est appliqué : tous les participants reçoivent la même quantité de sable auquel est ajouté le même nombre de paillettes d’or, nombre que seul le jury connaît. Il s’agit de trouver les paillettes le plus rapidement possible. La compétition se divise en plusieurs parties : quarts de finale, demi-finales et finale. Malgré la rigueur du règlement, les chapeaux de cowboy et les bottes en caoutchouc propagent une atmosphère d’aventure ! |
9 | Batée d’orpaillage de compétition en bois. Aujourd’hui, on préfère les batées plus plates. Les participants les fabriquent souvent eux-mêmes en bois ou en plastique. |
10 | Les participants remettent au jury dans des fioles de ce type les paillettes d’or qu’ils ont trouvées. |
11 | Le règlement international comprend seize pages et s’applique également aux compétitions nationales. |
12 | Médailles d’or de différents championnats suisses d’orpaillage. |
13 | Médaille d’or du championnat du monde de Willisau en 2003. |
14 | Médaille d’or du championnat européen à Berthoud en 2016 |
15 | Fanion de l’Association suisse des chercheurs d’or. Elle a été fondée dans le but d’organiser des compétitions |
16 | Bouteille de vin rouge, prix lors du premier championnat suisse d’orpaillage à Hergiswil près de Willisau, 1989. |
17 | Ce certificat confirme la participation au 1er championnat suisse d’orpaillage. |
18 | Se satisfaire de peu L’orpaillage comme loisir Les orpailleurs à l’origine des ruées vers l’or en Amérique du Nord et en Australie rêvent de richesses légendaires. Ceux qui cherchent de l’or en Suisse ont des objectifs plus modestes : ils veulent trouver des paillettes d’or dans le plus grand nombre de rivières. A la fin du XXe siècle, des orpailleurs trouvent de l’or dans beaucoup de rivières suisses dont on ignorait qu’elles contenaient de l’or. Les eldorados – à l’échelle suisse – se trouvent toujours dans la région du Napf et dans la Surselva près de Disentis où l’orpaillage fait partie de l’offre touristique. |
19 | Sorti d’un conte S’il fallait dessiner un orpailleur, il ressemblerait peut-être à Ferdinand Bösch : des cheveux longs, une grande moustache, un chapeau en cuir, une ceinture et un gilet en cuir, une cigarette roulée à la bouche et l’outillage de l’orpailleur à la main. Bösch est photographe et travaille à New York pour de célèbres artistes comme Salvador Dalì ou Christo quand il commence à chercher de l’or en Californie dans les années 1950. Ses excursions le mènent en Finlande, à Taiwan, en Autriche et jusqu’en Suisse, son pays natal. Ici, il parcourt la région du Napf à la recherche d’or, parfois suivi en douce par des collègues qui l’espionnent. D’un naturel extravagant, Bösch se fait poser par un dentiste une couronne faite en or qu’il a trouvé lui-même dans la région du Napf. En 2000, Bösch meurt à l’âge de 84 ans. |
20 | Cette petite boîte d’écluse en aluminium a été construite par Ferdinand Bösch qui voyageait souvent en sac à dos. |
21 | Bösch travaillait avec un « Batée d’orpaillage Steiner » auquel il avait rajouté des rainures pour un meilleur rendement. |
22 | Une ceinture en cuir munie d’une boucle, un chapeau en cuir et une tasse en bois accompagnaient Ferdinand Bösch lors de ses excursions d’orpaillage. |
23 | Ferdinand Bösch donne un cours d’orpaillage, 1991. |
24 | Certificat d’origine de la couronne en or de Ferdinand Bösch. |
25 | De charmantes trouvailles Qui cherche trouve mais pas forcément ce qu’il cherche. Au fil des années et des siècles, un grand nombre d’objets moins précieux que l’or s’amasse dans les rivières. Des choses sont perdues ou jetées, abimées par le temps et la rouille… Certaines trouvailles, faute d’avoir beaucoup de valeur, ont leur propre charme. Le plus souvent, on trouve des clous, de la monnaie, des couverts et des fers à cheval. |
26 | Objets trouvés en cherchant de l’or. |
27 | Bölsterli a de la chance Après des centaines d’heures passées les pieds dans la rivière, Peter Bölsterli de Winterthur réalise en août 1997 le rêve de nombreux orpailleurs : en cherchant de l’or dans le Rhin antérieur, il déplace quelques pierres de la rive et trouve une grande pépite d’or pur. Il s’agit de la plus grande pépite jamais trouvée : elle a une épaisseur de 15 millimètres, une largeur de 30 millimètres et une longueur de 62 millimètres et pèse 123,1 grammes ! |
28 | Vivre de sa passion Comment chercher de l’or sans batée ? En 1977, Toni Obertüfer lit dans le journal un article sur Ruedi Steiner, le champion du monde en titre d’orpaillage, et veut s’y essayer. Cependant, il n’a pas de batée. Sans plus attendre, le jeune homme utilise un enjoliveur et trouve grâce à celui-ci sa première pépite d’or ! Mais il ne s’arrête pas là : peu après, il ouvre son premier magasin à Hergiswil près de Willisau où il vend tout ce dont rêvent les orpailleurs. Jusqu’à sa mort en 2016, il emmène des classes d’école chercher de l’or dans la région du Napf. Il est le premier Suisse à avoir fait de l’orpaillage son métier ! |
29 | La première batée d’orpaillage de Toni Obertüfer : un enjoliveur. |
30 | Bulletin de commande des débuts du magasin d’orpaillage de T. Obertüfer, 1990. Par la suite, son assortiment s’agrandit considérablement. |
31 | Dépliant du magasin d’orpaillage de T. Obertüfer |
32 | Ce certificat atteste qu’une « grande trouvaille » a été faite lors d’un cours d’orpaillage donné par Toni Obertüfer. |
33 | En 1995, lors de sa sortie annuelle, le Conseil fédéral participe à un cours de Toni Obertüfer. Sur l’image : la conseillère fédérale Ruth Dreyfuss, le président de la Confédération Kaspar Villiger et le vice-chancelier Achille Casanova, à côté d’Obertüfer. |
34 | Flèche d’église et géologie L’histoire de l’or du Napf Depuis longtemps, les plus démunis cherchent de l’or dans les nombreuses rivières de la région du Napf. Cette habitude n’étant jamais couronnée de beaucoup de succès, elle se perd progressivement. Néanmoins, certaines personnes tentent régulièrement leur chance. Vers la fin du XIXe siècle, un clocher de la région reçoit une croix faite en or de la région. Pendant la crise économique, le Canton de Berne envoie des chômeurs chercher de l’or dans les rivières adjacentes de l’Emme. En 1973, la géologue Katharina Schmid défend sa thèse sur la teneur en or des rivières de la région du Napf. Quand des journalistes parlent de sa recherche – même avant que sa thèse ne soit finie –, l’orpaillage en tant que loisir connaît un nouvel essor. De plus, des personnes crédules se laissent régulièrement avoir par les histoires de grands gisements d’or. |
35 | De la région pour la région En 1883, le clocher de Heimiswil a besoin d’une nouvelle flèche et la paroisse ne veut pas lésiner sur les moyens : elle doit être ornée d’une croix couverte d’or de la région. Un mandat exclusif est donné à Johann Friedrich Neukomm. L’orfèvre a fondé une véritable dynastie à Berthoud : quatre générations d’orfèvre Neukomm. Né à Langenthal en 1830, Johann Friedrich Neukomm passe des années en France en tant que compagnon avant de s’établir comme orfèvre à Berthoud en 1857. La flèche du clocher de Heimiswil brille encore aujourd’hui. Son or est issu de la « Grüene » près de Sumiswald. |
36 | Le clocher de Heimiswil avec sa flèche dorée. |
37 | Heinrich Rottensweiler : Johann Friedrich Neukomm (1830-1891), orfèvre et filigraniste. Dessin en couleurs, 1859. |
38 | Livre de compagnon de Johann Friedrich Neukomm. Dans ces livres, les compagnons notaient les étapes de leur compagnonnage. |
39 | Cuillère en argent et broche traditionnelle de Johann Friedrich Neukomm. En tant qu’orfèvre, Neukomm fabrique des cuillères en argent et des bagues en or avec incrustations de cheveux. Pour fabriquer la broche, il suit une formation de filigraniste. |
40 | Alliance avec incrustation de cheveux pour l’époux par Johann Friedrich Neukomm. |
41 | Pas de trésor En 1975, six Argoviens apprennent de source sûre où se cache un important trésor à neuf mètres de profondeur. Ils fondent la « Einfache Gesellschaft für Goldprospektion am Goldbach » et commencent à construire une galerie. 400 personnes soutiennent leur entreprise. Croyaient-ils eux-mêmes à leur trésor ? De toute façon – et vous l’aurez deviné –, ils ne l’ont jamais trouvé. Les mines d’or n’ont aucun sens dans la région du Napf. Les conglomérats ne contiennent pas de veines d’or et les pirates qui enterrent des trésors sont plutôt rares dans la région. |
42 | Broches pour le 20ème anniversaire de l’aventure. |
43 | Rampe de lavage et galerie des chercheurs d’or au Goldbach, dans les années 1970. |
44 | Programme d’occupation L’orpaillage n’a jamais vraiment valu la peine dans la région du Napf. Néanmoins, quand le krach de Wall Street déclenche une crise économique mondiale en 1929, la situation change. Le travail est devenu bon marché comme de nombreuses personnes sont au chômage. Mais l’argent, lui, manque. C’est en tout cas l’avis de Christian Killias qui propose de faire chercher de l’or aux chômeurs. Le Conseil d’État bernois est disposé à évaluer cette idée et fait chercher de l’or à Trubschachen en guise d’essai. Les journaux locaux écrivent les espoirs fondés sur cette expérience. Les chômeurs travaillent sous la direction de C. Killias et utilisent un appareil développé par ses soins. En trois semaines, ils trouvent six grammes d’or, ce qui ne rapporte que 30 francs alors que les dépenses s’élèvent à 200 francs. Le Conseil d’État met un terme à l’expérience, C. Killias déguerpit et le gérant du buffet de la gare de Trubschachen se retrouve avec une ardoise impayée. |
45 | Christian Killias avec un chômeur à son appareil de lavage. |
46 | Les chômeurs marchaient dans la rivière avec des bottes en bois. |
47 | Un chômeur en train de chercher de l’or dans le Chrümpelgraben dans les années 1930. |
50 | De l’or ancien redécouvert Vers 1970, l’intérêt pour l’orpaillage renaît. Dans la région du Napf, le pâtissier Robert Maag (1922-2019) recommence en premier à chercher de l’or après avoir lu un article sur la chercheuse qui évalue la teneur en or des rivières. En 1972, il trouve de l’or pour la première fois dans la Grosse Fontanne, une rivière adjacente à la Kleine Emme dans l’Entlebuch. Il crée une station de lavage portable adaptée aux terrains peu praticables et utilise un plat à pâtisserie en aluminium comme batée. R. Maag trouve assez d’or pour faire fabriquer un pendentif à son épouse et pour faire frapper plusieurs ducats d’or. Il fait également des recherches sur l’histoire de l’orpaillage en Suisse et publie quelques articles. |
51 | Écluse d’orpaillage de Robert Maag, 1973. R. Maag combine la rainure de l’écluse avec un tamis amovible. |
52 | Robert Maag cherche de l’or dans la Grosse Fontanne, 1972. |
53 | Affiche du carnaval de Langenthal 1973. L’activité de Robert Maag a donné lieu à une satire de carnaval. |
54 | Robert Maag cherche de l’or dans la Grosse Fontanne à l’aide d’une écluse fabriquée par ses soins, 1973. |
55 | Ducat en or du Napf de Robert Maag, 1980. 3,5 grammes ; pureté : 96,5 %. Affination et fabrication des rondelles : Cendres et Métaux. Frappe : Franchioni. |
56 | Outils de frappe pour les ducats en or du Napf de Robert Maag, 1980. Produits par Franchioni. |
57 | Nouvelle édition d’un ducat en or du Napf de Robert Maag, 1995. 3,5 grammes ; pureté : 98,3 %. Affination et fabrication des rondelles : Cendres et Métaux. Frappe : Hidber. |
58 | 4 grammes de paillette d’or de la région du Napf. Ceci est la quantité nécessaire pour frapper un ducat de 3,5 grammes. Pureté des pailles d’or : 96,3 %. |
59 | Or alluvial trouvé : 1 au Hämelbach, région du Napf, canton de Berne 2 au Chrümpelgraben, région du Napf, canton de Berne 3 au Feistergrabe, canton de Berne 4 au Mülibach vers Lobsigen, Seeland bernois 5 dans l’Aar vers Kiesen, région de Thoune, canton de Berne 6 au Diessbach, région de Thoune, canton de Berne 7 dans la Zulg, région de Thoune, canton de Berne 8 dans la Rotache, région de Thoune, canton de Berne 9 au Tscharbach, Surselva, Grisons 10 Kemptner Tobel, canton de Zurich 11 dans une gravière près de Genève 12 dans une gravière près de Zell, région du Napf, canton de Lucerne |