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Texte français
Premier portail
Un fossé et une enceinte entouraient jadis le château et les maisons de l’Ancien Marché. Jusqu’au XVIe siècle, se trouvait ici le premier portail portant l’inscription BERCHTOLDUS DUX ZERINGIE QUI VICIT BURGUNDIONES FECIT HANC PORTAM (Berthold, duc de Zähringen, qui vainquit les Bourguignons, fit ce portail)
Cette inscription témoigne des prétentions du duc : en tant que vainqueur de la noblesse en Romandie, il fit agrandir le château vers 1200 et en fit la résidence la plus au sud de son territoire.
L’Ancien Marché
Lorsque les Zähringen fondèrent la ville de Berthoud en 1200, il existait déjà un hameau à côté du château : l’Ancien Marché où se trouvaient les maisons des vassaux du châtelain, ressemblant à des tours. La maison située au numéro 6 comporte encore aujourd’hui des restes de deux de ces tours.
Ici, du côté ouest de la colline du château, les archéologues trouvèrent les fondations de ces maisons médiévales. Les murs en béton montrent combien ces maisons étaient solides. Elles protégeaient le plateau au bord de la pente. Les constructions en pierre témoignaient du statut social de leurs propriétaires.

L'ancien marché
Château et Ancien Marché vers 1260.

Fossé supérieur, muraille et pont
Ici, où la colline est peu raide, il fallait des fortifications d’autant plus importantes. Le fossé supérieur et la muraille en-dessus étaient alors les premières constructions défensives.
C’est seulement au cours du XIIIe siècle que le fossé atteignit ses dimensions définitives. A l’origine, un pont en bois traversait le fossé. Le pont en pierre actuel date du XVIe siècle. Un pont-levis renforçait le portail. La vue d’ici donne un aperçu du degré de fortification du château.
La muraille médiévale
La muraille faisait partie des premières fortifications et allait d’une falaise à l’autre. La partie occidentale date au plus tard des alentours de 1200, la partie orientale fut construite par les comtes de Kybourg après 1260. Cette construction de pierres de taille en tuf et en grès est imposante encore aujourd’hui.
Les tours saillantes étaient une nouveauté en matière de fortification. Elles permettaient de défendre le château sur les côtés à l’aide d’arcs et d’arbalètes. L’avant-corps carré à l’extrémité constituait la tour d’entrée qui devait remplacer l’accès existant et forcer les attaquants à longer une grande partie de la muraille. Plus tard, on renonça à cette entrée.

La muraille médiévale
Tour d’entrée vers 1300.
1 Tour d’entrée avec rampe d’accès en bois.
2 Arc de décharge du portail, depuis 1885 une fenêtre.
3 Latrines.

Promenade
A l’extérieur, le fossé du château est limité par un rempart composé de remblais. Au XVIIIe siècle, les avoyers y firent construire un sentier et planter des arbres. Depuis le château, on pouvait atteindre cette promenade à travers une porte nouvellement percée entre la tour d’entrée et la tour ronde. Le pavillon datant de 1760 était un des endroits préférés de Johann Heinrich Pestalozzi dans le château.
Pont-levis
Un pont-levis traverse le dernier tiers du fossé. Un seul gardien pouvait monter le pont en cas d’attaque pour fermer le portail de manière plus définitive. Sous les poutres du pont-levis se trouvait un contrepoids qui permettait de monter le pont.
Ce mécanisme fut aménagé par les Bernois en 1585. Le toit et le puits sont encore d’origine. Les parties en bois amovibles devaient être remplacées tous les 25 ans. La dernière rénovation eut lieu en 1747. Ensuite, le fossé fut remblayé et le pont-levis perdit sa fonction. Le pont-levis actuel est une reconstruction en acier. La porte latérale à gauche était probablement un accès pour les personnes seules.

Pont-levis
Pont à travers le fossé et maisonnette du pont-levis
1 Tour-porte, 1560.
2 Maisonnette du pont-levis avec porte pour la passerelle pour piétons.
3 Ouvertures pour le contrepoids.
4 Pont-levis reconstruit. Les positions ouverte et fermée sont esquissées.
5 Pilier en pierre du XIVe siècle.
6 Arche de pont, 1581.

Sentier « des pauvres pêcheurs » et puits
Ce sentier descend depuis le château et passe à l’extérieur des remparts de la ville. Du XIVe au XVIIIe siècle, les « pauvres pêcheurs » condamnés à mort empruntaient ce sentier de la prison du château au lieu d’exécution.
Au bord de la pente où le sentier tourne se trouve le plus vieux puits du château. Il est creusé dans la roche. Atteignant la nappe phréatique, il a une profondeur de 25 mètres, soit la moitié du puits plus récent qui se trouve dans la basse-cour du château. Il est possible que le puits fût couvert d’une petite tour en bois depuis laquelle l’eau était acheminée jusqu’à la basse-cour à l’aide d’une poulie.
Puits
Sur une colline, on ne trouve ni source ni rivière. Or, sans eau, impossible de vivre dans un château-fort. Ce puits fut creusé dans la roche jusqu’à la nappe phréatique située à une profondeur de 48 mètres. Il approvisionna le château en eau potable du Moyen Âge jusqu’au XIXe siècle. A partir du XVIe siècle, une cage d’écureuil permettait de hisser l’eau plus facilement. Une maisonnette protégeait la cage. Le premier puits se trouve au milieu de la colline du château, à côté du sentier dit « des pauvres pêcheurs ».
Dès l’origine du château, des citernes servaient de plus à récolter l’eau de pluie. Du gravier et du sable filtraient l’eau dans les citernes pour qu’elle reste plus longtemps propre.
Palais, donjon et tour-porte
Les deux tours du château sont l’emblème de Berthoud: le donjon (la tour de défense) et le logis seigneurial (la tour de résidence), construites vers 1200 par Berthold V de Zähringen. La tour-porte s’achève par une courbe étonnante où se trouvaient les canons. Une muraille relie la tour d’entrée au donjon.
Pour atteindre la cour du château, il fallait passer par trois portails. Le chemin vers le dernier portail dans l’ancienne muraille entre le donjon et le palais était très raide, ce qui rendait le trajet très difficile pour les charriots. Les Bernois firent alors creuser un autre accès dans la roche et abaisser le portail de deux mètres.

Palais, donjon et tour-porte
Coupe transversale de la tour-porte
1 Portail avec pont-levis.
2 Voûtes servants de plateforme pour canons.
3 Trou pour monter canons et munition.
4 Toit amovible.

Vue panoramique
5 Tour-porte, 1560.
6 Muraille, avant 1200, avec chemin de ronde, vers 1500.
7 Donjon, vers 1200.
8 Muraille avec le portail le plus haut, vers 1200.
9 Logis seigneurial, vers 1200.

Vue panoramique du Château de Berthoud
Le donjon se trouve à l’endroit le plus élevé de la colline du château. Depuis ici, toutes les parties du château peuvent être vues: la muraille, la basse-cour, les portails et l’ancien marché. Le donjon n’avait pas de fenêtres et n’était pas habité. Les attaquants éventuels auraient dû être combattus depuis le crénelage.
Le logis seigneurial à quatre étages servait de résidence. Ses salles représentatives témoignaient du pouvoir des bâtisseurs. Derrière la fenêtre ronde se trouve la petite chapelle du château. Depuis la cour, on peut atteindre les étages supérieurs par
la tour d’escaliers. Dans le bâtiment à côté du logis se trouvait autrefois une grande salle.

Vue panoramique du Château de Berthoud
1 Maison des geôliers, 1972.
2 Salle, vers 1200.
3 Logis seigneurial, vers 1200.
4 Tour d’escaliers, XVIe siècle.
5 Bâtiment reliant le logis, le donjon et le nouveau logement, 1780, adjacent à l’ancienne muraille.
6 Donjon, vers 1200.
7 Nouveau logement, 1730.
8 Grenier, 1749.

Les étapes de construction du Château de Berthoud
XIe/XIIe S. : Fondation du Château des Rheinfelden. Plus rien n’existe de ce château.
vers 1200 : Les Zähringen font construire leur château: le donjon, le logis seigneurial, la salle, l’enceinte: l’aspect actuel du château date de cette époque.
vers 1250/1270 : Renforcement et embellissement par les Kybourg : nouvelle enceinte avec tours, chapelle Sainte Marguerite, con- struction du porche de la salle, qui est dotée de nouvelles fenêtres gothiques.
vers 1430 : Les nouveaux seigneurs bernois remplacent l’immense toit du logis seigneurial et celui du donjon.
1540 : La salle est divisée en grenier (au rez-de-chaussée) et quatre pièces pour l’appartement de l’avoyer (au 1er).
1559 : Nouvelle tour-porte dans la basse-cour.
1580 : Nouvelle tour d’escalier au logis.
1616 : Grenier au nord-est.
1729 : Nouveau logement.
1749 : Destruction de tous les bâtiments le long de l’enceinte et construction du grand grenier.
1780 : Bâtiment de liaision entre donjon et logis.
1860 : Aménagement de la salle des assises.
1885 : Aménagement d’une nouvelle prison sous les arcades du grenier (démoli en 2018). Restauration de la salle des chevaliers et inauguration du musée.
1907 : Salles de tribunal au rez-de-chaussée de la grande salle.
2010-2012 : Départ de l’administration cantonale.
2020: Nouvelle inauguration du Château de Berthoud.
Grenier I
Depuis le Moyen Âge, le château disposa d’entrepôts de céréales. En 1749, les Bernois construisirent ce grenier ici, près de la grande muraille. Leurs sujets payaient alors leurs impôts en céréales. Berne constitua de grandes réserves de céréales pour que les prix n’explosent pas et les gens ne devaient pas souffrir de faim en cas de mauvaises récoltes.
Aux XIXe et XXe siècles, des fenêtres supplémentaires furent percées pour exploiter le grenier à d’autres fins. Le relief au milieu de la façade rappelle l’ancienne fonction de la maison : en bas à gauche, on voit une gerbe et une mesure à grains, à droite trois sacs de grains. Au milieu se trouvaient les armoiries bernoises. En 1798,
les occupants français donnèrent l’ordre de les enlever au ciseau.
Grenier II
Le grenier avoisine la muraille courbée. Des arcs surplombant des hauts piliers structurent la façade de 1749. Les arcs sont si hauts que des charriots avec des céréales pouvaient passer. Le plafond avec ses petites voûtes est particulièrement solide: les céréales étaient conservées sur trois étages superposés.
Certains arcs étaient murés, il était alors impossible de voir de l’extérieur ce qui se trouvait derrière eux. Jusqu’en 2018, le rez-de-chaussée du grenier faisait office de prison.
Tilleul de la justice
Dans le district de Berthoud, l’avoyer enquêtait sur les crimes graves en interrogeant les suspects et les témoins. Si les accusés n’avouaient pas, l’avoyer les faisait torturer. Sans aveux, impossible de les condamner. Les documents étaient ensuite transmis au Conseil à Berne qui rendait le jugement.
Selon une ancienne coutume, l’avoyer annonçait le jugement à l’extérieur, sous ce tilleul de la justice. Les condamnés à mort entamaient ici leur dernier voyage, le long du sentier dit « des pauvres pêcheurs » jusqu’au lieu de l’exécution où le bourreau les attendait.
Grande muraille et nouvelle tour
Vers 1260, les Kybourg étaient impliqués dans de nombreuses guerres. Durant cette période, ils renouvelèrent la partie est de la muraille. Cette dernière mesure au total 115 mètres et va d’une falaise à l’autre. Elle a une épaisseur d’environ deux mètres et protège la cour comme un bouclier.
Les comtes de Kybourg firent renforcer la muraille par cette tour-porte qui s’avance vers l’extérieur. Le nouveau portail devait être plus sécurisé que l’ancien. Le grand arc brisé allégeait l’arc inférieur, lequel était équipé d’une herse pour fermer
la porte en cas de danger.
Les Bernois abandonnèrent le portail des Kybourg et utilisèrent la tour désormais comme prison. L’arc brisé muré fut ouvert en 1885 en forme de fenêtre pour avoir de la lumière dans la nouvelle prison.
Grande muraille et nouvelle tour
Tour et partie orientale de la muraille, vers 1260
La porte donnait sur la partie orientale de la cour qui se trouvait initialement cinq mètres plus bas et fut remblayée plus tard.
1 Niveau du sol vers 1260.
2 Portail du château.
3 Niveau actuel du restaurant.
4 Plafond actuel du restaurant.
5 Arc de décharge, depuis 1885 une fenêtre.
6 Fenêtre d’une annexe de la période des Kybourg.
D’une pierre deux coups : muraille défensive et façade
Dès 1260, ces deux fenêtres à travers la muraille éclairaient une pièce intérieure. A ce moment déjà, une maison se trouvait à cet emplacement. Les trous partiellement murés au-dessus des fenêtres portaient alors les poutres du plafond, et l’actuel rez-de-chaussée était le premier étage. Jusqu’au XVIIe siècle, le niveau du sol était plus bas. Cette partie inférieure du rocher du château était appelée « la grotte du dragon ». Une cheminée intégrée ultérieurement à la maison laissa des traces de suie sur le mur. En 1616, un grenier à blé remplaça l’ancienne maison d’habitation. Le grenier actuel fût construit en 1749.

Muraille défensive et façade
Partie orientale de la muraille avec fenêtres d’une maison, vers 1260.
1 Niveau du sol vers 1260.
2 Murs latéraux de la maison vers 1260.
3 Sols en poutres vers 1260
4 Cheminée du XIVe ou XVe siècle.
5 Toit en appentis, supposition.

Tour orientale
Quand les Kybourg rénovèrent la moitié de l’enceinte en 1260, ils ajoutèrent cette tour saillante vers l’extérieur. Elle était ouverte vers l’intérieur, ce qui permettait non seulement d’économiser du matériel de construction, mais également de tirer sur des ennemis qui se seraient introduit dans la tour. Ce type de tour ouverte était alors une grande nouveauté.
Plus tard, la tour fût néanmoins dotée d’un mur intérieur. Les trous de poutres démontrent qu’elle avait plusieurs étages, dont le dernier abritait la chambre de torture. Cette dernière a nécessité le percement d’une nouvelle fenêtre, pour que le clerc ait assez de lumière pour noter les aveux des torturés.
Meurtrière
Les comtes de Kybourg équipèrent ce mur en 1260 d’une archère en forme de fente entourée d’une chambre de tir à l’arc brisé. Les tireurs pouvaient observer les alentours depuis les bancs.
Quand les Bernois construisirent le grenier en 1749, ils percèrent la fenêtre actuelle et murèrent la niche. En 1975, celle-ci fut rouverte.
Salle d’assises
De 1859 jusqu’à 1997, le tribunal des jurés siégeait ici. Douze jurés élus par le peuple, les « assises », déterminaient dans cette salle, en cas de crimes graves, si l’accusé était coupable ou innocent. Le Canton de Berne avait introduit les cours d’assises publics selon le modèle français. A cette fin, le canton fit construire la salle d’assises dans l’aile est de l’ancien grenier. Elle combine deux étages et est éclairée de grandes fenêtres. Le papier peint date des années 1920.
Grande chapelle
Seules des traces de peintures murales rappellent l’existence de l’ancienne chapelle Sainte Marguerite. Elle remplaça vers 1260 la chapelle précédente. Le grand côté s’étendait de la porte en verre jusqu’au mur de la tour, sa surface était de plus de cent mètres carrés.
Au mur, on peut toujours apercevoir trois rangées d’arcs avec des personnages portant une auréole. Ces peintures datent probablement de la même époque que la construction elle-même. Après la Réforme, les Bernois aménagèrent ici une boulangerie. Quand ils construisirent le grenier en 1749, ils détruisirent la chapelle.
Portail en arc gotique
Ce portail en arc brisé reliait autrefois deux salles de fête. En 1261, les comtes de Kybourg firent construire un porche carré en amont de l’ancienne salle. Ce vestibule étaient de la même taille que le bâtiment moderne à sa place.
L’ancienne salle n’avait pas de plancher intermédiaire et n’était pas divisée comme aujourd’hui; il s’agissait de la plus grande pièce du château. Depuis le vestibule, un perron menait à la salle. Aujourd’hui, seul cet arc brisé rappelle l’aspect représentatif de cette dernière.
Mur en briques
Les briques étaient très utilisées par les Romains, puis sont tombées dans l’oubli au Moyen Âge. Vers 1200, les Zähringen furent les premiers à les réintroduire en Suisse pour construire les tours et la salle du château. Des maçons de Strasbourg ou de l’Italie du Nord apportèrent probablement les connaissances nécessaires à l’édification des murs.
Cette coupe transversale révèle le type de construction adopté : pour permettre à l’humidité de s’évaporer plus facilement, du tuf était directement disposé sur le rocher. L’espace entre deux rangées de briques fut comblé par des moellons, des morceaux de tuf et du mortier. Le tout fut stabilisé par des couches horizontales de briques.
Un château pour tous
Comment le musée vint sur le rocher
En 1885, le Canton de Berne souhaite installer de nouvelles cellules de prison dans la magnifique Salle des chevaliers du château. Des habitants de Berthoud intéressés par l’histoire protestent et fondent l’Association de la Salle des Chevaliers. Ils réussissent à dissuader le Canton de son projet, et inaugurent une exposition d’« Antiquités » dans la salle.
Le musée ne cesse de grandir tout au long du XXe siècle. Quand en 2000 le rez-de-chaussée du donjon se libère, le Musée suisse de l’or y prend place. Peu après, la collection ethnologique déménage du Kirchbühl au château.
A partir de 2010, la préfecture, le tribunal et la prison quittent le château. En 2020, le « Château pour tous » ouvre ses portes : un musée nouvellement aménagé, une auberge de jeunesse, un restaurant et une salle de cérémonie pour des mariages s’y trouvent désormais.

La Salle des chevaliers au début du XXe siècle.
La Salle des chevaliers au début du XXe siècle.

Les autres étapes de l’histoire du bâtiment se trouvent dans le musée (caisse à l’entrée principale).
Chemin de ronde
Les parties de mur les plus vieilles se trouvent dans ce tronçon de la muraille. Elles existaient probablement déjà avant 1200. Vers 1400, les Bernois équipèrent la muraille d’un parapet. Les créneaux permettaient de s’abriter pour observer les alentours et de tirer à l’arc ou à l’arbalète.
Quand les armes à feu apparurent, le crénelage fut muré. Les meurtrières de 1587 sont destinées aux arquebuses. Le crochet pouvait être fixé au bas du bout de bois afin d’atténuer l’énorme recul provoqué par le tir.
Plateforme d’artillerie
Vers 1560, les Bernois remplacèrent la tour d’entrée médiévale par une tour d’artillerie moderne. Au dernier étage, ils aménagèrent une plateforme pour leurs canons. Une voûte (1) porte le poids des armes et une ouverture (2) dans le sol permet de monter les canons et les munitions.
Le toit en bois (3) pouvait être démonté lors d’une guerre afin que les attaquants ne puissent pas y mettre feu. Le sol en grès aurait alors fait office de toit et les rainures auraient ainsi rempli leur fonction en amenant l’eau vers les gouttières. Heureusement, un tel scénario ne se produisit jamais.

Plateforme d’artillerie

La tour rouge
Jusqu’au XVIIIe siècle, le donjon est resté dégagé. Depuis, des bâtiments plus récents entourent ses fondations. Une partie du mur extérieur de la tour est visible ici. Vers 1200, tous les bâtiments du château avaient des murs en briques apparentes comme celui-ci. Les murs rouges faisaient rayonner le pouvoir des Zähringen.
Initialement, une entrée surélevée et un escalier extérieur donnaient accès au donjon. Suite à la construction du bâtiment annexe, il fallait une nouvelle porte. On perça alors ce trou dans l’ancien mur extérieur et construisit un escalier en pierre pour accéder à l’étage supérieur de la tour. Ici, les murs en brique peuvent être vus de l’intérieur. Ils sont comblés à l’aide de moellons, de morceaux de pierre et de mortier.
Entrée surélevée
Cette porte en plein cintre servait d’entrée au donjon. Elle était accessible par un escalier extérieur en bois. Le bâtiment reliant le donjon au logis la rendit inaccessible à partir de 1780 et une porte fut percée dans le mur du donjon au niveau du sol.
Le donjon était considéré comme l’endroit le plus sûr du château et il incarnait également le pouvoir des propriétaires du château.
Dévidoir
L’espace vide haut de sept mètres tout en bas du donjon pouvait être atteint uniquement par une ouverture du plancher, qui est aujourd’hui couverte de verre. Pour descendre, on déroulait une corde du dévidoir.
Depuis 1800, une porte donne accès à cet espace qui servait désormais de cave. Pendant longtemps, on croyait qu’au Moyen Âge, cette pièce servait d’oubliettes. Cependant, aucune preuve ne vient étayer cette hypothèse. Dans les fondations de certaines tours, on trouva des os. Il s’agissait probablement des restes de déchets que les habitants déversaient là.
Horloge et cloche
Déjà au XVe siècle, une horloge indiquait l’heure au Château de Berthoud. Après la Réforme de 1528, les Bernois installèrent une nouvelle horloge sur la tour.
La cloche de la tour est cent ans plus vieille que l’horloge. Elle se trouvait initialement dans la chapelle Sainte Marguerite. Le nom du mouleur, Otto Rupler, et l’an 1426 sont immortalisés sur la cloche. En tant que « cloche des pauvres pêcheurs », elle sonnait pour les condamnés à mort lors de leur dernière marche du château jusqu’au lieu d’exécution.
Crénelage du donjon
A partir de sa construction vers 1200, le donjon était couvert d’un toit de croupe, probablement en tuiles. La charpente actuelle fut posée par les Bernois en 1422 et une partie des tuiles date encore de cette période.
La tour est dotée d’une plateforme de tir entourée de créneaux. Depuis ici, les gardiens observaient le château et ses alentours. En cas de guerre, on pouvait défendre le château depuis les créneaux avec des flèches et des pierres.
Vers l’est, derrière le long faîte du grenier, descendent les falaises vers la rivière Emme. Au sud s’élève le toit du logis. La première colline à droite du logis s’appelle Schönenbühli et c’est là qu’avaient lieu les exécutions. En direction du nord se trouve l’Ancien Marché, initialement délimité par l’enceinte extérieure du château. Plus loin sur la gauche s’étend la vieille ville avec l’église. A l’ouest, on voit la tour-porte.
Plafond au style gothique tardif
Quand les Bernois divisèrent la salle du logis en trois pièces, ils posèrent un plafond plus bas en 1490 pour pouvoir chauffer plus facilement le séjour. Les bords du plafond sont ornés de frises sculptées.
De salle princière à salle de séjour
Vers 1200, tout le premier étage du logis était une seule salle. Les poutres du plafond ainsi que les bordures des fenêtres en grès datent de cette première période. L’illustration montre les fenêtres en arcs et, au milieu, la fenêtre ronde.
Vers 1500, l’avoyer bernois s’aménagea ici un appartement et fit diviser la salle en ce salon et en deux autres pièces. La niche à droite des fenêtres donnait sur les latrines. En 1575, c’était un grand luxe de disposer de toilettes à côté du séjour !

De salle princière à salle de séjour

Salle
Vers 1200, cette pièce faisait partie d’une salle longue de 20 mètres qui était deux fois plus haute qu’aujourd’hui. Depuis le XVIe siècle, un sol et des murs divisent cette salle en deux étages à plusieurs pièces. Des fenêtres en arc de plein cintre situées en hauteur éclairaient la salle.
A gauche de la fenêtre, on peut voir une ébrasure en grès qui faisait partie de l’ancienne fenêtre. L’arc en bas à droite de la fenêtre actuelle faisait partie d’une fenêtre de l’époque des Kybourg.
Le dessin montre le mur vers 1270. Les fenêtres supérieures sont de l’époque des Zähringen, celles d’en bas de l’époque des Kybourg. La porte donne sur les latrines.
Les grisailles furent peintes par Hans Rudolf Grimm en 1684..

Salle
… La pièce actuelle.

Salle des écus
De 1384 jusqu’en 1798, des baillis bernois habitaient au château. Ils représentaient la ville de Berne dans le district de Berthoud et se faisaient appeler « avoyers », comme le voulait la tradition des Kybourg. Ils levaient les impôts et faisaient justice.
Comme les salles princières étaient trop grandes et trop froides, ils firent construire une salle plus petite et plus basse en 1544 : la salle des écus, décorée d’armoiries. Tous les avoyers s’immortalisaient en faisant peindre leurs armoiries et leurs noms. Dès 1689, ils s’inscrivaient sur ce tableau.
Avec ces armoiries et la grande cheminée, qui existait à l’époque, la salle imitait une salle médiévale, mais en plus confortable. Les avoyers recevaient ici leurs invités, cocluaient des contrats et assermentaient des fonctionnaires. En 1686, Christian Stucki peignit du feuillage sur le plafond et des arcs sur les murs qui rappelaient des arcades romaines.
Couloir
Vers 1200, ce couloir faisait partie d’une salle longue de 20 mètres qui fut divisée en deux étages par un sol en bois en 1546. L’avoyer fit alors construire des murs pour gagner quatre pièces supplémentaires pour son appartement, éclairées par des fenêtres nouvellement créées. Au bout du couloir, une nouvelle entrée fut ajoutée. La cheminée date de 1747.
Frise des armoiries
La salle des écus était plus grande à l’époque et ce mur du corridor en faisait partie. En 2019, des spécialistes dégagèrent des traces d’anciennes peintures. Chaque avoyer fit peindre ici son nom et son armoirie. Le nom Franz Nägeli est bien visible. Il était avoyer de Berthoud de 1525 à 1529.
Corridor
Un corridor sépare la salle des chevaliers de la chapelle et permettait d’y accéder de manière indépendante. Jusqu’à environ 1650, un escalier en colimaçon à moitié saillant se trouvait en face de l’escalier actuel et donnait accès au corridor. Dans la niche, un reste de cet ancien escalier est encore conservé.
Une petite fenêtre à l’arc plein cintre éclairait autrefois le corridor, aujourd’hui il n’en reste plus que des traces. Après la Réforme, des céréales étaient gardées sur tout le deuxième étage du logis. Pour ce faire, tous les murs furent abattus. Aujourd’hui, de nouveaux murs montrent le corridor dans sa dimension originale.
Salle des chevaliers
La salle des chevaliers est conservée dans son état original de 1200, une rareté. Les murs sont constitués de briques apparentes et des double-fenêtres cintrées éclairent la salle. Le sol est en mortier teint en rouge par des briques broyées. Les Zähringen firent abattre les arbres pour les poutres du plafond en hiver 1200/1201 et les utilisèrent immédiatement. Les poutres étaient préparées à l’aide de doloires de charpentier.
Seule la grande chape de cheminée fut reconstruite en 1973 selon sa taille initiale. Elle repose sur des colonnes d’origine en calcaire neuchâtelois. La salle des chevaliers demeure certes la salle la plus petite du château mais celle offrant le plus grand confort: elle était lumineuse et facile à chauffer et la porte murée ultérieurement permettait d’atteindre le chemin de ronde puis les latrines. Les ducs, lorsqu’ils se trouvaient dans la région, logeaient ici. Le nom de « salle des chevaliers » apparut seulement au XIXe siècle.
Chapelle Saint-Jean
La petite chapelle du château fut créée par les Zähringen après 1200, à proximité immédiate de leurs appartements. Ici, les princes récitaient leurs prières privées. La fenêtre ronde se trouvait en-dessus de l’autel. Le vitrail date de 1887, les fresques quant à elles sont bien plus anciennes. Depuis 1340, des fresques montrant la vie de St. Jean-Baptiste et la Passion du Christ ornent les murs. D’autres saints populaires y apparaissent également : Saint Christophe, le protecteur des voyageurs (car les nobles voyageaient sans cesse), ou Saint Georges le tueur du dragon (le modèle de tous les chevaliers).
Le tiers inférieur du mur imite un drap. Des clous semblent fixer au mur le tissu aux motifs multicolores. Les salles médiévales étaient souvent revêtues de tels tissus lors des fêtes. Après la Réforme, tout le deuxième étage du logis – y compris la chapelle – servait d’entrepôt à grains.
Les combles du logis seigneurial
Le logis seigneurial et le donjon étaient couverts de hauts toits en croupe. La silhouette est restée la même depuis leur construction vers 1200 ; le sceau de la ville de 1250 montre les deux tours de cette manière. Plus tard, les toits étaient en mauvaise état.
Les nouveaux seigneurs bernois firent reconstruire les deux toits en croupe et couvrirent celui du logis de tuiles émaillées de trois couleurs vers 1430. Les deux oriels servaient pour les gardes.
A l’origine, la charpente pouvait être admirée dans toute son hauteur. En 1936, on les coffra intérieurement en vue de l’utilisation du comble pour le musée.